Les résultats de la consultation citoyenne nationale “Comment permettre à chacun de mieux s’informer ?” - DE FACTO
Les résultats de la consultation citoyenne menée par DE FACTO ont été présentés le 22 novembre à l’occasion de la 5e édition de Médias en Seine.
113 227 participants, 2 023 propositions, 526 858 votes : la consultation nationale menée du 27 juin au 30 septembre 2022 dans le cadre du projet DE FACTO a suscité une forte mobilisation et de nombreuses propositions visant à améliorer le rapport des citoyens à l’information.
L’ensemble des résultats et la méthodologie de cette démarche est détaillé dans ce livret.
Les principaux enseignements de cette consultation citoyenne en vidéo.
Organisée dans le cadre du projet DE FACTO avec Make.org et en partenariat avec plusieurs médias publics et privés, la consultation nationale est inédite par son ampleur, par le nombre et la qualité des propositions exprimées.
Éducation aux médias et à l’information, diversité de l’information et des pratiques journalistiques, régulation, gouvernance et financement des médias : tels sont les principaux leviers que les citoyens jugent prioritaires en réponse à la question “Comment permettre à chacun de mieux s’informer ?”
Ces résultats montrent leur attachement à une information de qualité, libre, plurielle et indépendante qu’ils jugent essentielle pour le débat public et leur volonté de voir émerger un écosystème de l’information plus transparent, diversifié et démocratique.
Cette consultation témoigne de l’exigence du projet DE FACTO d’associer les membres de la société civile dans toute leur diversité au débat sur l’information.
Les résultats de cette consultation viendront alimenter leurs réflexions et leurs activités dans le domaine de la lutte contre la désinformation. Ils seront également portés à la connaissance des autorités publiques à l’échelon national et européen afin d’enrichir leurs travaux sur ces thématiques au centre des enjeux de démocratie.
Quel objectif ?
DE FACTO est l’alliance inédite d’acteurs des médias, de la recherche et de la pédagogie visant à faciliter la vérification, l’analyse et l’éducation aux médias et à l’information. Moins d’un an après la naissance du projet, l’organisation de cette consultation visait à associer les sociétés civiles à l'émergence de propositions et votes autour de cette grande cause. Ces résultats vont alimenter les réflexions du consortium DE FACTO dans la proposition de pistes de solutions concrètes au niveau national et européen.
Quels acteurs ont été impliqués dans cette consultation ?
Les membres fondateurs DE FACTO (Sciences Po, l’AFP, le CLEMI et XWiki SAS) se sont associés à plusieurs partenaires médias pour porter cette consultation (France Télévisions / France info Canal 27, 20 Minutes, les titres du groupe EBRA - L’Est Républicain, Le Républicain Lorrain, Le Bien Public, Vosges matin, Le journal de Saône-et-Loire, Le Progrès, DNA, L’Alsace, Le Dauphiné Libéré -, France Bleu / Radio France). Celle-ci a été menée via la plateforme citoyenne Make.org.
Le rendez-vous
Les résultats ont été dévoilés le 22 novembre 2022 au Foyer F de la Maison de la radio et de la Musique à l’occasion de Médias en Seine en présence notamment de Christine Buhagiar (directrice régionale Europe de l’AFP), Sylvain Parasie (sociologue, Professeur des Universités à Sciences Po), Nathalie Sonnac (présidente du Conseil d’Orientation et de Perfectionnement du CLEMI), Axel Dauchez (président et fondateur de Make.org) et Valentine Oberti (journaliste à Mediapart) en modératrice.
La présentation des résultats a été suivie d’une discussion et d’un débat avec Célia Meriguet (directrice de franceinfo.fr), Armelle Le Goff (directrice de la rédaction 20 Minutes), Léopold Strajnic (directeur adjoint de l'information de France Bleu), Frédéric Vézard (rédacteur en chef des DNA et de L'Alsace, groupe EBRA), Vincent Couronne (directeur de la publication des Surligneurs) et Valentine Oberti (journaliste à Mediapart), en modératrice.
3 questions à Vera Jourova, vice-présidente de la Commission européenne
Quelle est votre réaction aux résultats de cette consultation nationale ? Êtes-vous surprise par les thèmes qui émergent de ces propositions ?
V.J. : Tout d’abord, je suis heureuse de voir l’engagement des citoyens, avec plus de 2000 contributions et plus de 520 000 votes.
Les thèmes qui émergent sont très semblables à ceux que nous avons identifiés dans le cadre de nos consultations publiques au niveau européen. Nous avons lancé un grand exercice démocratique, avec la conférence sur le futur de l’Europe, et de nombreux citoyens nous ont demandé d’agir pour protéger l’indépendance éditoriale des médias et promouvoir l’éducation aux médias. La Commission européenne a présenté le 16 septembre une nouvelle proposition de loi, appelée l’Acte pour la liberté des médias. Elle couvre de nombreux points que je vois dans la consultation nationale : protection des médias de service public qui doivent pouvoir compter sur un financement stable ; protection et liberté des journalistes ; lutte contre les concentrations qui mettent à mal le pluralisme des médias ; transparence des financements, etc.
La consultation montre que nous travaillons dans la bonne direction, avec le soutien des citoyens. Pour moi qui défends l’intérêt public, ce soutien est indispensable. Il est d’autant plus essentiel que nous devons maintenant nous assurer que cette proposition de loi devienne une réalité, avec l’adoption par le Parlement et le Conseil de l’Union européenne.
Quelle place la Commission européenne accorde-t-elle aux citoyens dans le débat sur la régulation des plateformes, la défense de la liberté de la presse et la promotion de la liberté d’expression ?
V.J. : Les citoyens sont au cœur de toutes nos politiques et nous les consultons sur nos propositions de loi. Je participe régulièrement à des débats sur ces sujets. Il ne s’agit pas uniquement d’informer sur nos actions politiques et législatives, mais aussi d’encourager les citoyens eux-mêmes à agir. Aujourd’hui, la grande majorité des citoyens utilisent les réseaux sociaux.
Ils ont le pouvoir de vérifier, de partager des contenus, de lire des médias indépendants plutôt que des sites conspirationnistes. Nous avons tous un rôle à jouer et une responsabilité lorsqu’il s’agit de la liberté d’expression. La liberté d’expression ce n’est pas dire tout et n’importe quoi. C’est une liberté précieuse. J’en ai moi-même été privée quand j’ai vécu sous un régime autoritaire, en Tchécoslovaquie communiste. Je sais donc à quel point il faut protéger cette liberté et ne pas en abuser.
Quels sont les dispositifs de la Commission européenne pour lutter contre la désinformation et quelles perspectives pouvons-nous en attendre ? L’Éducation aux médias et à l’information (EMI) est-elle une priorité de la Commission ?
V.J. : La Commission a adopté toute une série de mesures complémentaires pour lutter contre la désinformation.
Il y a un cadre législatif, c’est le règlement européen sur les services numériques. Il stipule clairement que ce qui est illégal hors ligne est illégal en ligne, comme les discours de haine. Mais la désinformation n’est pas toujours illégale. L’Acte oblige aussi les plus grandes plateformes à prêter une attention particulière aux risques qu’elles peuvent présenter pour les droits fondamentaux, pour la démocratie et la sécurité – et on sait que la désinformation peut présenter de tels risques. Avec le soutien de la Commission, les plateformes et de nombreux autres acteurs privés ont adopté un « pacte contre la désinformation ». Ce pacte prévoit des actions – dont plusieurs mentionnées dans la consultation – pour empêcher la diffusion de désinformation, pour vérifier les informations, etc.
Et bien sûr, nous encourageons l’éducation aux médias et à l’information, notamment via des projets financés par l’Union européenne. Ces projets sont variés : il peut s’agir de soutenir la coopération entre enseignants à travers l’Union européenne afin qu’ils puissent échanger leurs cours et bonnes pratiques, ou alors de permettre à des médias de développer de nouveaux outils pour identifier les photos manipulées. Nous soutenons aussi l’Observatoire européen des médias numériques (EDMO). L’Observatoire permet de renforcer la coopération entre tous les acteurs, comme les chercheurs, médias et organisations, qui luttent contre la désinformation. Parce que l’éducation aux médias et à l’information doit être une priorité pour tous.