CLEMI

Centre de liaison de l'enseignement et des médias d'information

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2 - Les bons réflexes pour détecter une fausse information

Il y a toujours eu des rumeurs et des informations fausses. Ce qui change aujourd’hui, c’est l’ampleur qu’elles peuvent prendre par le biais des réseaux sociaux, mais aussi le rôle qu’elles jouent en politique (cf Trump, Brexit…). Qu'appelle-t-on exactement une «Fake news» ? En anglais, le mot «fake» n'a pas le même usage que «false», qui lui veut dire «faux». «Fake» introduit en plus la notion de contrefaçon, de faire semblant, ou se faire passer pour. Une fausse information n'est ainsi pas toujours une «fake news». La Commission d'enrichissement de la langue française recommande l'emploi des termes « information fallacieuse » ou du néologisme « infox ».

En se reposant sur la classification faite par les Décodeurs du Monde, on distingue plusieurs formes de fake news, qui recouvrent des réalités différentes et se distinguent par l'intention de leur émetteur. 

Les sites satiriques

Exemple: Le Gorafi, dont l’intention première est de faire rire, de souligner un travers de notre société, même si cela repose aussi sur un modèle économique lié à la publicité.

Les sites “appeau à clics”

Ce sont des sites qui publient un maximum d’informations fausses, souvent étonnantes, un peu trash, pour générer du trafic et nourrir leur trafic publicitaire. Ils sont en général très présents sur les réseaux sociaux.

Les publications orientées

Ce sont des informations fausses qui visent à modifier l’opinion de son lecteur sur un fait de société.

L’article de presse erroné

C’est quand un journaliste commet une erreur, sans intention de tromper le lecteur ou le téléspectateur

 

1) Etude de cas : le site satirique Science Info

Le site Science info a publié un article expliquant que, suite à des inondations à Paris, des crocodiles du zoo de Vincennes s'étaient échappés dans les égouts. Citant un appel à la vigilance de la préfecture de Paris, l'article paraît sérieux. Il a donc été amplement partagé sur Twitter et Facebook et affiche plus de 90 000 vues. Mais comment les élèves de quatrième du collège Constant Chlore vont-ils s'apercevoir que le site Science info est en fait un site satirique ?

 

Retrouvez ici le kit pédagogique de ce Déclic' Critique comprenant les pré-requis pour les enseignants, la fiche pédagogique (avec objectifs et compétences) et les ressources utilisées (vidéo, images)

 

2) Etude dce cas : le site satirique Gorafi

On peut très bien analyser des articles du Gorafi pour travailler la notion de sources. 

Exemple avec des élèves de CM2 :

Note : Dans le cadre de nos tournages, nous avons été confrontés au même cas de figure. Pour certains élèves, le nombre de vues valide une information. Ce n’est pas la source, mais l’ampleur de la circulation d’une info qui la légitimise. Ce qui est évidemment un problème.

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Quelques règles de base

  • Identifier l’auteur d’un article ou les auteurs d’un site (rubrique "A propos" ou "Qui sommes-nous"), se méfier des sites anonymes ou des articles écrits sous pseudo.
  • Ne pas confondre la source et la personne qui la partage (le nombre de vues n'est pas un gage de fiabilité, un article partagé par une connaissance n'est pas forcément lue). Selon une étude de l’université de Colombia et l’Institut National Français, relayée par Slate en juin 2016, 59% des articles partagés sur Twitter ne sont pas lus par celui qui les partage.
  • Recouper l’information avec d’autres sources : plus l’information est étonnante, plus il faut chercher de sources fiables. Et si plusieurs médias reconnus donnent la même information avec des sources différentes alors il y a de fortes chances pour qu’elle soit vraie.

 

3) Etude de cas : retrouver la source d'une photo ("une pelle dans un stade")

Beaucoup de photos non sourcées circulent sur les réseaux sociaux. Alors comment vérifier qu’un cliché n’est pas un photomontage ? Certains outils peuvent être utilisés, comme la recherche inversée de Google images (cf. tuto des Décodeurs du Monde).

Cet outil peut être utile dans certains cas. Par exemple, en juin 2016, un photomontage a circulé sur Twitter : on voit un homme en slip avec une pelle dans le stade Vélodrome de Marseille. 

Un photomontage un peu grossier mais le journaliste Olivier Mazerolles (RTL) s’était fait piéger en s'appuyant sur cette photo pour interpeller un ministre sur le problème de l’insécurité dans les stades de football. On avait montré cette séquence à des élèves de 1ère S dans l'académie d'Amiens : 

 En utilisant la recherche inversée de Google images, on découvrait assez vite que la photo en question était bien un photomontage : 

La recherche inversée nous a permis de trouver deux articles de Libération : l'un avec la photo originale, l'autre démontrant l'erreur d'Olivier Mazerolle.

Télécharger les ressources "Retrouver la source d'une photo" 

 Quelques règles de base

Pour vérifier la source d’une image, il faut avoir plusieurs réflexes : 

  • Utiliser les outils à disposition : recherche inversée sur Google images ou “YouTube Dataviewer” qui permet de retrouver les contenus identiques simplement grâce à l’URL.
  • Repérer tous les éléments de la photographie permettant d’effectuer un travail de recherche (lieux identifiables, personnalités, événements).
  • Sortir de l’application pour effectuer un travail de recherche. Contrairement à l’image qu’elles peuvent donner, les différentes plateformes de réseaux sociaux sont en effet des systèmes plutôt fermés. Tout est fait pour que vous restiez dans l’application. Quand on voit une photo non sourcée sur Twitter, il faut donc avoir le réflexe de sortir de l’application, d’aller sur un moteur de recherche et de faire le travail de vérification.

 

 4) Etude de cas : le riz en plastique

Savoir reconnaître une information est primordial. Il est important d’avoir une distance critique, même par rapport à des médias traditionnels. Le but n’est pas de faire de vos élèves des complotistes, mais de faire en sorte qu’ils gardent une distance critique. Pourquoi ? Tout simplement parce que parfois, sur un même sujet, on peut croiser une fausse info sur les réseaux sociaux et une fausse info dans les médias traditionnels. Mais ces deux fausses informations ne sont pas de même nature. Car les journalistes peuvent se tromper et diffuser une mauvaise information. Mais ce n'est pas exactement une fake news : derrière une erreur journalistique, il n'y a pas d'intention de tromper le lecteur.

Fake news et information erronée ? Illustration avec l’intox sur le riz en plastique : 

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