La chronique des médias scolaires vous souhaite une excellente année 2020 ! Mais elle ne dit pas si vite au revoir à 2019, dont les derniers mois ont été riches en publications scolaires. Une fois de plus, les élèves ont rivalisé d’imagination pour évoquer leur quotidien, leurs passions et leur quartier. Cette première lettre de l’année se penche aussi sur un dispositif particulier, celui des classes médias, et plus particulièrement celles de collège Lucie Aubrac de Tourcoing, qui a fait l’objet d’un documentaire diffusé sur France 3 Hauts-de-France en novembre dernier.
LE SUJET COUP DE CŒUR
Peurs d'antan
En cette période de galette des rois, les bonbons d’Halloween paraissent déjà loin. Mais un article du dossier spécial Halloween du P’tit Laplaine, le journal du collège La Plaine de Lavardac (académie de Bordeaux), vaut bien ce petit retour en arrière. Adoptant un angle plutôt original, ces journalistes en herbe sont allés interroger les pensionnaires de l’établissement pour personnes âgées voisin sur la nature de leurs peurs lorsqu’ils étaient enfants. «L’école, les chats, le noir», mais aussi, en temps de guerre, «les Allemands, les privations, la milice»… «Nous avons remarqué que les personnes qui étaient enfants il y a 70 ans, avaient peur de beaucoup de choses différentes de celles qui nous font peur aujourd’hui» concluent les reporters, dont le journal est à lire ici.
ZOOM SUR UN MÉDIA SCOLAIRE
Radio Luciesphère
Au collège Lucie Aubrac de Tourcoing (Académie de Lille), la radio Luciesphère est au cœur d’un dispositif de classes médias : plusieurs fois par an, les élèves enregistrent une émission dans les conditions du direct. Le journaliste Lucas Roxo a passé une année scolaire en immersion dans une de ces classes. Il en a tiré un documentaire diffusé le 25 novembre dernier sur France 3 Hauts-de-France. A cette occasion, la chaîne a organisé un débat sur l’éducation aux médias, auquel ont participé le réalisateur, des élèves et des professeurs protagonistes du documentaire, ainsi que le CLEMI, et qui est visionnable ici. Mathieu Asseman, professeur documentaliste co-responsable des classes médias, explique la façon dont le dispositif est conçu dans son établissement.
Quel rôle la webradio Lucisphère joue-t-elle au sein du collège?
Luciesphère est née dans le cadre d’un club avec les élèves qui voulaient faire de la radio. Les élèves friands de produire de l’information sous différentes formes alimentent aujourd’hui la webradio et le webzine. Mais la radio est aussi depuis quelques années utilisée dans l’enseignement, par exemple en se servant de la captation sonore pour faire de la géographie prospective. C’est un projet qui a été mis en place par Rachid Sadaoui, le professeur d’histoire-géographie (et qu'il raconte ici). C’est devenu un outil au service des apprentissages, souvent utilisé pour enregistrer des débats (en français, en sciences…). Le son est utilisé comme outil pédagogique. Enfin, avec les classes médias, qui ont démarré il y a cinq ans, on travaille sur le support radio toute l’année, à raison d’une émission en direct toutes les six semaines (avec le travail de préparation orale, de reportage…). Depuis trois ans, cela concerne une classe de 4è et une de 3è.
Quels sont les avantages de la classe médias?
Ça fait sortir du format du club radio, où il n’y a que les élèves volontaires. Les réfractaires, trop timides ou qui ne se sentent pas légitimes doivent s’y mettre. Dans les classes médias, on s’est appuyés sur trois élèves qui faisaient partie du club radio. Mais ceux qui se révèlent sont ceux qui se découvrent une appétence pour ça pendant l’année. Par ailleurs, c’est un dispositif important pour le travail en équipe pédagogique. On peut contribuer à l’EMI d’une manière très variée (en maths, en français, en langue étrangère…). Par exemple, le prof de maths l’an dernier a fait venir un spécialiste des sondages. Le prof d’histoire, lui, va travailler avec le contenu de différents médias plutôt que des manuels scolaires. Enfin, il y a deux heures par semaine avec la classe pour travailler ensemble sur l’émission de radio. C’est vraiment un travail sur le temps long, avec une dynamique de projet, de coopération.
Comment les émissions sont-elles organisées?
Comme c’est du direct, ça doit être impeccable. On travaille en conférence de rédaction, c’est le cœur du travail. On élit deux rédacteurs en chef, un garçon et une fille systématiquement. Au début, on co-anime la discussion, et puis ensuite on les laisse faire. Ils doivent d’abord chercher un fil conducteur, un gros dossier qui sera développé dans plusieurs reportages. Puis on réfléchit à ce qu’ils font en classe et qu’ils pourraient utiliser dans l’émission (chroniques littéraires, etc…). Quand ils réfléchissent à comment alimenter le dossier principal, ça les oblige à faire de la recherche documentaire. Les 4è, qui travaillent sur les questions environnementales par exemple, vont chercher les acteurs associatifs ou politiques, pour une prise de contact. Avant d’appeler un élu, le travail préparatoire peut prendre une heure. Quand ils appellent, on n’est pas loin, mais on évite d’intervenir car ça développe leur autonomie. Nous avons un partenariat avec une radio associative, et grâce à leur studio mobile chaque émission est enregistrée dans un lieu différent, et ce sont les élèves qui s’occupent de trouver ce lieu, pour que ce soit cohérent avec le dossier principal. Cela fait partie intégrante du travail.
LA SÉLECTION DU CLEMI
Championne
Marie-Amélie Le Fur est triple-championne paralympique en athlétisme. Elle partage ses meilleurs et ses pires souvenirs de compétition au micro des élèves de la webradio du collège Pierre de Ronsard de Poitiers, qui ont consacré une émission spéciale à la thématique “Le sport et les jeunes”.
Princesse
C’est un garçon qui prend la plume ici pour livrer son regard sur l’évolution des princesses Disney au fil du temps, et sur ce que ça nous dit de la place des femmes dans la société. C’est à lire dans le 11è numéro du Diseur de 10 heures, le journal du lycée de Kerneuzec à Quimperlé (académie de Rennes). A lire ici.
S'informer
Mais au fait, pourquoi on s’informe? Et qu’est-ce qu’on peut lire ou regarder quand on ne veut pas rester sur les infos les plus basiques, mais qu’on souhaite approfondir? Le journal L’Innommable du lycée Camille Vernet de Valence (académie de Grenoble) vous propose une sélection pointue et didactique. A lire ici.
Zone 51
La zone 51 du collège, un complot des extraterrestres? Les reporters de la WebTV Studio104 du collège Emile-Zola d’Igny (académie de Versailles) ont bien rigolé en amassant les preuves de ce complot, leur démonstration pleine d’humour passant par tous les poncifs du genre. Comme par hasard, c'est à 6'47 de la vidéo.
Le dessin du mois
Le dessin du mois est celui de Nina, qui a habilement accompagné son article sur les féminicides paru dans La Plume Queneau, le journal du collège Raymond Queneau à Paris, de cette illustration d’un conte tristement célèbre.
Chronique rédigée par Sophie Gindensperger
le 15 janvier 2020
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