Le monde d’après, comment sera-t-il? La question a agité nos cerveaux confinés par la crise sanitaire du covid-19, tandis que les visions plus ou moins optimistes se poussaient du coude sur nos écrans. Mais au fait, qu’en pensent les écoliers, collégiens, lycéens? Bref, les principaux concernés par ce monde à venir? Pour le savoir, cette dernière chronique de l’année s’est tournée vers la fine fleur des médias scolaires, à savoir les finalistes et lauréats du concours Médiatiks, dont le palmarès vient d’être dévoilé. Quelles sont leurs préoccupations pour le futur? Leurs espoirs? Leurs craintes? Voici ce qu’ont à en en dire les journalistes en herbe.
LE SUJET COUP DE CŒUR
Le jeune, espèce en voie de disparition
“Nous sommes en 2035 dans un monde post covid-19. L’épidémie a duré longtemps, et le monde a changé. [...] A quoi ressemble ce nouveau monde plein de promesses, d’espoir, de changements, et de peurs aussi?” Une fois n’est pas coutume, c’est un travail de fiction prospective qui a retenu notre attention. Au fil des voix et d’une bande-son soignée, suivez le parcours et le quotidien d’un lycéen qui fait sa rentrée en 2035. Une époque, où, apprend-on, le jeune est une espèce en voie de disparition, qui visite les musées virtuellement. Une ère sombre pour les humains qui s’isolent, mais riche pour la nature, qui reprend ses droits. C’est à écouter sur GDS Radio, la radio du lycée technologique et professionnel Henri Sellier de Livry Gargan (académie de Créteil) et lauréat Médiatiks 2020 de la catégorie Radio Lycées (ex aequo avec Radio Marcel).
ZOOM SUR UN MÉDIA SCOLAIRE
Le Babilleur, un journal indépendant
Le Babilleur, journal du lycée d’Altitude de Briançon, est le lauréat Médiatiks de la catégorie Lycée-Journaux imprimés et en ligne. La chronique des médias scolaires vous parlait déjà de ce journal qui a enquêté sur les sous-sols du lycée, pour vérifier s’il s’agissait bien d’une ancienne morgue. Sujets originaux et fouillés, mise en page soignée, modèle économique indépendant et partenariat local avec la médiathèque : la publication est originale à plus d’un titre. Julie Lefebvre, médiatrice Education aux Médias et à l’Information qui encadre les élèves au sein de l’atelier médias, nous en explique le fonctionnement.
Comment est né le journal Le Babilleur ?
Dans le cadre d’une formation BEPJEPS Animation culturelle avec le GRETA de Briançon, j’ai effectué un stage à la MJC de la ville. J’ai été journaliste jusqu’en 2013, c’est pourquoi j’ai eu l’idée de proposer un atelier médiatique, qui a abouti à la relance du journal du lycée en septembre 2018. A la rentrée 2019, j’ai été embauchée à la médiathèque comme assistante de conservation au secteur jeunesse. On a aujourd’hui un partenariat entre la médiathèque et le lycée. Chaque mercredi après-midi, j’encadre un atelier à la médiathèque, où je leur présente une notion particulière (la titraille, la charte graphique…), et chaque vendredi midi, les élèves se retrouvent au CDI avec la professeure documentaliste.
Qui sont les élèves qui participent au Babilleur?
La participation est basée sur le volontariat, et cette année on a eu des élèves de la seconde à la terminale. On a commencé avec 7 jeunes, mais on en a perdu en cours de route, notamment pour l’atelier de la médiathèque, car les transports en commun sont peu développés à Briançon, et ils ont des difficultés à venir. Après le confinement, trois élèves ont terminé le journal toutes seules! Je leur dis chapeau. On n’a fait qu’un numéro cette année, mais il est plus épais que les deux numéros de l’an dernier.
Le journal a son propre modèle économique?
Lorsqu’on a relancé le journal je leur ai présenté les différents modèles possibles, gratuit, payant, financé par la publicité ou par une subvention. L’idée d’être indépendants mais de rester accessibles à tous leur a plu, et ils ont choisi un modèle publicitaire en sollicitant les commerçants locaux. Une élève écrit peu, mais adore se consacrer à l’aspect commercial. Cette année, on a proposé aux commerçants qui avaient dû fermer pendant le confinement de publier l’annonce sans les faire payer, et une cagnotte en ligne a permis de financer le journal. Il est diffusé à 700 exemplaires dans les commerces partenaires, et à la rentrée on le distribuera au lycée.
LA SÉLECTION DU CLEMI
Un monde en une
Quel monde d’après? Parce qu’on les adore mais qu’ils ne peuvent pas être lauréats chaque année, une petite mention spéciale pour la une de la Gazette Saucisse n° 32, titrée "Quel Monde d’après ?". L’intégrale du journal des élèves du lycée Jean Macé de Lanester (académie de Rennes) est à découvrir ici.
Un monde plus écolo
Plus écolo le futur? Réalisé par des élèves du collège Maurice Utrillo (académie de Paris) à la Cité des sciences et de l’industrie en février 2020, ce documentaire finaliste de Médiatiks, “Anthropocène”, s’intéresse à notre ère, à l’épuisement des ressources, et à l’extinction des espèces animales. A regarder ici.
Un monde plus engagé
Où même les vers de terre manifestent… Parce que pourquoi pas? Un drôle de dialogue imaginé par le Canard de Cantelande, du collège Cantelande de Cestas (Académie de Bordeaux), lauréat de la catégorie “Collèges - Journaux imprimés et en ligne”. A lire ici.
Un monde plus solidaire
Solène et Clément, du lycée L'Institution de Saint-Malo (académie de Rennes), sont partis cet hiver en maraude avec le Samu social, et en tirent un reportage photo à la fois sensible et poignant, “En immersion avec la solidarité”. Ils sont lauréats de Médiatiks 2020 dans la catégorie Photo - Lycées, et leur reportage est à retrouver ici en intégralité.
Chronique rédigée par Sophie Gindensperger
Le 29 juin 2020