Déconstruire les théories conspirationnistes
- Fiche pédagogique, parue dans le dossier de la Semaine de la presse 2017
Objectifs
- Développer l’esprit critique.
- Apprendre à vérifier l’information.
- Identifier les mécanismes et la rhétorique utilisés dans les théories du complot.
Ressources
Le CorteX (Collectif de Recherche Transdisciplinaire Esprit Critique & sciences) propose un matériel pédagogique (cours, ateliers, outillage critique, exercices et Tp) :
www.cortecs.org
Eduscol « Déconstruire la désinformation et les théories conspirationnistes ».
Hoaxbuster «Vérifier l’information qui circule sur le web».
Conspiracy watch « observatoire du conspirationnisme et des théories du complot».
Medias Mag, émission hebdomadaire sur France 5 : Denis Décode.
Actualiser ses connaissances
Gérald Bronner, La Démocratie des crédules, PUF, 2013
Pierre-André Taguieff, Court Traité de complotologie, Fayard, 2013
Sophie Mazet, Manuel d’autodéfense intellectuelle, Robert Laffont, 2015
DÉROULEMENT
Qu’est-ce que le conspirationnisme ?
Pour aborder cette question sensible en classe, il est nécessaire de distinguer les notions suivantes : Selon Rudy Reichstadt, fondateur du site «Conspiracy Watch», le conspirationnisme désigne «une tendance à attribuer abusivement l’origine d’un événement choquant et/ ou dramatique (catastrophe naturelle, accident industriel, crise économique, mort d’une personnalité, attentat, révolution…) à un inavouable complot. Ses auteurs – ou ceux à qui il est réputé profiter – conspireraient, dans leur intérêt, à tenir cachée la vérité». La théorie du complot est «un récit “alternatif” qui prétend bouleverser de manière significative la connaissance que nous avons d’un événement et donc concurrencer la “version” qui en est communément acceptée, stigmatisée comme “officielle”.» Le mot «complotiste» a fait son entrée dans l’édition 2017 du Petit Larousse : «se dit de quelqu’un qui récuse la version communément admise d’un événement et cherche à démontrer que celui-ci résulte d’un complot fomenté par une minorité active».
Une alternative à la version officielle
La très controversée série-documentaire «Loose Change», écrite et réalisée par Dylan Avery et disponible depuis 2005 sur Internet, constitue une ressource très intéressante.
Sélectionner différents extraits dans le quatrième opus «Loose Change, Final Cut» (disponible en français sur Dailymotion); les visionner en classe avec les précautions d’usage et relever les procédés techniques et rhétoriques utilisés par Dylan Avery. Dans une pastille titrée «Le théorème du complot» (mars 2015), Denis Bertrand («Denis Décode») analyse un extrait de «Loose Change». Il commente en voix off les moyens utilisés par Dylan Avery («documents preuves», témoignages de rescapés...).
Cartographier les mécanismes d’une théorie du complot
Lionel Vighier, professeur de lettres dans l’académie de Versailles, a réalisé une carte mentale des procédés d’écriture : mise en scène et musique dramatisante, accumulation d’arguments souvent invérifiables («millefeuille argumentatif»), coupables désignés de manière explicite/implicite, questionnement récurrent du spectateur pour installer le doute voire le soupçon («Tout ne peut pas être faux»).
– Formuler les 5 grands principes sur lesquels reposent les théories du complot établis par le politologue Pierre-André Taguieff :
1/ «Rien n’arrive par accident»;
2/ «Tout ce qui arrive est le résultat d’intentions ou de volontés cachées»;
3/ «Rien n’est tel qu’il paraît être»;
4/ «Tout est lié ou connecté, mais de façon occulte»;
5/ «Tout ce qui est officiellement tenu pour vrai doit faire l’objet d’un impitoyable examen critique».
Un récit « alternatif » qui peut servir des desseins géopolitiques
Lorsque Dylan Avery, jeune étudiant en cinéma, écrit et réalise «Loose Change» en 2005 dans sa chambre avec un budget de 2000 $, il n’a pas de dessein caché. Il s’est, en fait, peu à peu «intoxiqué» avec les images et les témoignages collectés. Il s’est convaincu que le 11 septembre 2001 était un complot orchestré par l’administration Bush. Il a accumulé des arguments avec une pseudo rigueur scientifique, sans pour autant en valider aucun. Mais son travail a été repris par des sites complotistes à des fins géopolitiques. Taper sur un moteur de recherche : «11 septembre 2001». Noter que les premières occurrences proposées peuvent renvoyer à des sites complotistes, sélectionner une réponse qui pourrait poser problème (exemple : reseauinternational.net). Démasquer un contenu conspirationniste : L’information est-elle vraisemblable? La source est-elle fiable? Fait-elle autorité dans ce qu’elle avance? Amener les élèves à s’interroger sur la source de l’information. Aborder la question de la complosphère à partir du travail de Spicee (pure player créé en 2014).Voir notamment «Conspihunter».
Karen Prévost-Sorbe, coordonnatrice académique CLEMI, académie d’Orléans, collaboratrice DANE