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Le concours national #ZéroCliché qui lutte contre les stéréotypes sexistes fête sa 10ème édition.  

Décoder les stéréotypes sexistes, ça s’apprend. Depuis 10 ans, le concours #ZéroCliché du Centre pour l’éducation aux médias et à l’information (CLEMI) permet de la maternelle au lycée de concevoir des articles, blogs, émissions télé, podcasts, reportages photos, dessins de presse et affiches pour analyser les stéréotypes sexistes dans notre vie quotidienne. Depuis la création du concours, nous avons reçu près de 2 500 productions. Les sujets qui mobilisent les élèves et les enseignants témoignent d’une prise de conscience sociétale sur cet enjeu d’égalité. Retour sur une décennie créative à travers des exemples de productions emblématiques. 

L’INFLUENCE DES MÉDIAS PASSÉE AU CRIBLE

Dans l’espace public, les transports, à la radio ou sur nos écrans, la publicité est partout et déploie des techniques de plus en plus personnalisées. Nous sommes exposés en moyenne à près de 1 200 publicités… par jour !1 Les publicités regorgent de stéréotypes à commencer par les catalogues de jouets, avec leurs pages bleues réservées aux garçons qui font la guerre, suivies des roses pour les filles qui s’occupent des poupées. Le marketing genré fait l’objet chaque année d’un décryptage exigeant.

 

Dessin de presse "Le ’tit macho" du Lycée Charles de Gaulle à Compiègne (2014)

Ce collage réalisé par des lycéens (lauréat 2016)  du  lycée Jean-Baptiste-Vatelot de Toul, fait directement écho au constat établi en 2006 par Francine Descarries, sociologue : « Corps morcelé, formaté, chosifié, objectivé, femmes caricaturées, instrumentalisées, pornographiées ou réduites en super ménagères obsédées par la propreté, voilà les images qu’utilisent chaque jour, et de manière de plus en plus provocante, les publicitaires pour retenir l’attention des consommateurs et des consommatrices. »2

Certaines productions analysent de manière plus globale les représentations médiatiques. Des élèves du lycée Notre Dame de Pamiers (lauréat 2021) dans leur vidéo - en anglais! - ont réalisé un montage avec des extraits de différents médias pour dénoncer les inégalités et les discriminations sexistes, pour au final nous poser cette question : “Are you ready for a new society ?

Avec leur esprit critique, les élèves analysent aussi leurs propres pratiques. Les jeux vidéo sont un univers investi en priorité par les garçons et leurs contenus des jeux sont porteurs de nombreux stéréotypes. Ils sont régulièrement analysés pour comprendre pourquoi les filles s’y intéressent moins. Par exemple, dans un podcast lauréat en 2021, Les 4ème SEGPA parlent de sexisme ! des élèves du collège Condorcet de Dourdan dénoncent les différenciations des modes « hommes » et « femmes » du jeu FIFA. "Dans le jeu FIFA, peu de filles y jouent (…), mais que propose le jeu ? Dans le monde homme il y a les clubs avec toutes les stars du foot Mbappé, Ronaldo, Neymar. (…) Dans le mode femme il n’y que les sélections, c’est-à-dire que les équipes qui n’intéressent personnes. Pourquoi n’y a-t-il pas les équipes féminines du FC Barcelone, du PSG, de Lyon ou d’Arsenal ? Pourquoi n’y a-t-il pas les joueuses connues comme Wendie Renard ou Alex Morgan ? Le jeu ne cherche donc pas à attirer les filles. »

En 2017, “A toi l’égalité” des élèves du Louis de Foix Bayonne, après avoir dressé en vidéo un portrait sans concession de notre société inégalitaire en appelle avec force à notre responsabilité individuelle, notre devoir collectif, pour faire vivre l’égalité.

LE SPORT : SUR LE TERRAIN DES INÉGALITÉS

D’année en année, le sport est un sujet récurrent dans les productions reçues, tant dans la manière dont il est évoqué dans les médias que dans sa pratique. En 2017, interpellée par le fait que “dans presque tous les sports, ce sont les hommes qui sont ciblés, photographiés, à l’honneur”, alors même "qu’en France les équipes féminines de football, de handball, de basket-ball sont pourtant très bien classées !”, une classe de 4ème du collège Freppel d'Obernai s'est posé cette question : L’information sportive est-elle sexiste ? Le même constat était déjà fait en 2014 par une classe de 2nde au Lycée de Banville de Moulinsqui, qui s’intéressait à l'invisibilisation des équipes féminines dans les médias avec leur article Rugby : les filles surclassent les mecs...Et personne ne le sait. Quelques années plus tard, le rugby est à nouveau au cœur d’une production dans ce reportage du lycée Sarda Garriga de Saint André Grandir avec le rugby à Madagascar. Cette fois, la production donne la parole à des filles engagées et passionnées par ce sport comme outil d’émancipation.

A voir également, Zéro cliché : changeons les règles. Réalisée par une classe de CM2 de l'école Nahr Ibrahim à Jounieh (Al-Maayssra) du Liban, cette vidéo encourage les garçons comme les filles à pratiquer le sport qu’ils et elles souhaitent. 

L'ÉCOLE EN LIGNE DE MIRE

L’école en tant que lieu de vie des élèves est un reflet des normes sociales qui s’exercent au sein de l’espace public. La différenciation des filles et des garçons est présente à l’école. Concernant l'occupation de la cour de récréation, comme le souligne la géographe Edith Maruéjouls “la mixité est l’exception. L’organisation, très répandue, des cours avec un terrain de foot contribue grandement à cette ségrégation : les garçons occupent une place centrale, alors que les filles sont reléguées aux coins. Elles sont invisibilisées ; même si elles sont nombreuses, on ne les voit pas.”2

Dans le film Et pourquoi ?, (lauréat 2018) réalisé par une classe de sixième du collège Pierre Mendès France de Marcoussis, une scène se déroule dans la cour. Des filles sont représentées assises sur des bancs à parler, pendant que la plupart des garçons disputent un match de foot accaparant la quasi-totalité de la cour. Lorsque les filles décident de se lever, elles se font interpeller “mais poussez-vous les filles!”. Un garçon témoin de la scène demande alors “Pourquoi vous faites tout le tour de la cour ? - Bah parce que y’a les garçons là.” 

Pourtant, sur la question de l’invisibilisation, les élèves du collège Les Bruneaux de Firminy s’interrogeaient déjà en 2013 avec un article intitulé Manuels scolaires : jusqu'à quand le masculin va-t-il l'emporter sur le féminin ?.“Dans le manuel de français, on dénombre 87% d’écrivains, contre 13% d’écrivaines. Par exemple, le chapitre sur la nouvelle fantastique ne cite que des auteurs masculins, alors qu’après une rapide recherche internet, on a trouvé 2 pages d’auteurEs (Mary Shelley en tête).” Face à ce bilan, ils ont interpellé les éditeurs dans l’espoir de “trouver dans nos manuels de quoi ouvrir nos horizons : des femmes juges, footballeuses ou scientifiques, et des hommes danseurs-étoile, pères au foyer, secrétaires…

La prise de parole en classe est aussi un enjeu d’égalité qui préoccupe les élèves. Khawla et Alicia ont par exemple mené une enquête de janvier à février 2021 sur la répartition de la parole entre les filles et les garçons dans les classes. Voici les principales conclusions de leur enquête : Les filles ont tendance à parler doucement et plutôt quand c’était le/la professeur.e qui les interroge (donc elles parlaient le plus souvent quand elles levaient la main). Les garçons, eux, monopolisent la prise de parole spontanée (sans lever la main) et ont un volume de voix beaucoup plus important. Un constat que l’on peut rapprocher du temps de parole des femmes dans les médias, qui à présence égale s'expriment toujours moins que les hommes d’après le rapport sur La représentation des femmes à la télévision et à la radio de l’ARCOM (2020). Ces élèves appartiennent à la Brigade de l’égalité du Lycée Jean-Jacques Rousseau de Sarcelles. Une trentaine d’élèves qui se réunissent chaque semaine, encadrés par une professeure de Lettres et une professeure-documentaliste, et qui s’engagent pour la réduction des inégalités au sein de leur lycée à travers des actions de  sensibilisation, de formation, des projets de recherche, des évènements d’opérations de communication à travers leur compte Instagram. 

L’intériorisation des stéréotypes a des conséquences concrètes dans la vie des élèves du lycée Sainte Clotilde de Bordeaux. Une étude scientifique a été menée par Pascal Huguet et Isabelle Régner sur des classes de 6ème et de 5ème pour comprendre l’impact des stéréotypes sur la réussite scolaire. Le principe est de proposer le même exercice basé sur la figure complexe de Rey, à deux groupes, en le présentant dans un premier cas comme un exercice de géométrie et dans un second cas comme un exercice de dessin. Les résultats ont montré que les filles réussissent mieux lorsqu’il est présenté comme un dessin et à l’inverse les garçons réussissent mieux lorsqu’il est présenté comme des maths. Le podcast #Mathégalité s’est justement intéressé à ce phénomène :“Vous avez déjà probablement entendu ces formules au cours de votre vie : les garçons sont forts en maths et les filles sont nulles en maths ; les filles sont fortes en langues, les garçons sont nuls en langue ; qui envahissent principalement les écoles. En effet, prenons un cas de figure assez fréquent chez les jeunes filles : Emilie, 17 ans, étudie sans enthousiasme en vue de son examen de mathématiques. Dans son for intérieur elle se dit qu’elle n’a jamais été bonne dans cette matière puisqu’elle est une fille. Elle est meilleure en français. Par conséquent, Emilie n’est pas très motivée, ni intéressée  par les mathématiques et ne s'investit pas pleinement dans la préparation de son examen. Le lendemain, son examen de mathématiques n’est pas un succès.”

 

Ce dessin réalisé en 2016 par une classe du collège Camille Claudel de Latresne présente de manière ironique un monde qui se veut moderne, mais qui continue à relayer des images stéréotypées.

Nouvelles technologies, vieux clichés

 

 

 

Les stéréotypes sexistes influencent également considérablement les orientations scolaires puis professionnelles des élèves. Une collégienne de 5e du Collège Reynerie-Raymond Badiou de Toulouse l’écrit dans son article Le rêve de Karima(2014) : “J’aimerais bien être comme Sandrine Soubeyrand, Capitaine de l’équipe de France de football féminin sans peur et sans reproche, stratège jusqu’au bout des ongles. J’aimerais être aussi brillante que Marie Curie qui a créé l’institut du Radium. Mais bon, j’hésite car ma conseillère d’orientation me verrait bien coiffeuse, esthéticienne ou infirmière.” 

Dans les lycées professionnels, les spécialisations sont très genrées. Très peu de filles s’orientent dans les filières du bâtiment, comme le souligne cet article de 2017 du lycée André Cuzin de Caluire, Etre une fille dans un lycée du bâtiment, un exercice de style. Tout comme dans les filières du bois : “Nous sommes en classe de troisième et de quatrième au Lycée des Métiers du Bois d’Envermeu (76), et nous avons des cours de scierie, de forêt et de construction bois. Dans ces domaines spécialisés, il n’y a aucune femme enseignante. Dans notre lycée, il y a trois filles sur 230 élèves : une en troisième, une en CAP construction bois et une en bac pro technicien construction bois.” Métiers du bois : où sont les femmes ? a été réalisé par le lycée des métiers du bois et de l’éco-construction d'Envermeu. En 2021, cette problématique de l’absence de mixité dans certaines filières est traitée dans la vidéo Les stéréotypes ont la peau dure (2021) par des élèves du lycée des Métiers Magenta de Villeurbanne (filière secrétariat médical, métiers de l’accueil, etc) où l’on ne retrouve quasiment que des filles. “Cela tient à la particularité du lycée d'accueillir des structures de formations tertiaires qui sont plutôt dites féminines” 

Face à cette réalité, les élèves proposent régulièrement des interviews et des portraits de femmes qui réussissent dans des domaines traditionnellement considérés comme masculins, et inversement. Ainsi l’article de 2017 du Lycée Villon de Beaugency, Les métiers destinésau titre très parlant, présente un assistant maternel et une responsable transport.

 

L'INTIME ET LE CORPS À L'ÉPREUVE DES DISCRIMINATIONS

Le corps, et en particulier celui des filles, est sujet à de nombreuses injonctions et violences, qui impactent leur estime d’elles-mêmes. Les vêtements et l’apparence physique font partie de la construction identitaire notamment dans le passage de l’enfance à l’adolescence. En 2016, après avoir constaté que seuls les garçons venaient en jogging au lycée, des lycéennes du lycée Marcelin Berthelot de Questembert, ont décidé elles aussi d’en porter et d’analyser les réactions. Elles expliquent leur expérience dans leur article filles en jogging à quoi ça rime. Elles ont été jugées tant par les garçons que par les filles, avec des remarques telles que « Aucune meuf peut se mettre en jogging sauf des moches ». Elles en ont conclu que “l’élégance vestimentaire est un critère dans le rôle social de la femme. Ainsi a pu s'en rendre compte Cécile Duflot en juillet 2012 quand elle arriva à l'assemblée nationale vêtue d'une robe printanière et non en « tailleur » tel que l'impose la panoplie de la ministre. Sifflée par les députés masculins , on lui a rapidement rappelé le « rôle » qu'elle avait à tenir. On peut ainsi penser que l’homme peut se permettre plus de chose que la femme : dans notre cas, porter un jogging sans être jugées.” En 2021, la question de l’identité vestimentaire est revenue en force dans plusieurs productions revendiquant le droit pour les filles de s’habiller librement, avec la polémique des crop-tops : Je porte ma jupe comme je veux ou encore Tenues lycéennes

 

L'épilation représente une autre injonction que subissent les filles, dénoncée par deux lycéennes du lycée Saint-Paul de Lille, en 2018 dans leur article Pile Poil: “de nos jours rares sont les filles qui ne s’épilent pas et qui n’ont pas honte de leurs poils. (...) C’est une grande partie des jeunes de 14 à 18 ans qui s’épilent par peur des avis des autres lycéens. Mais n’oublions pas l’influence que la mode, les magasins, les pubs apportent.”

 

Entre tabou, douleur et précarité, les menstruations sont un poids très lourd pour les jeunes filles, notamment à l’école. En 2021, le sujet a considérablement intéressé les élèves.  Le lycée Sarda Garriga à Saint-André de La Réunion a par exemple mené un projet d’envergure pour casser ce tabou. Les élèves ont regroupé toutes leurs initiatives dans leur productions Les filles et les garçons chamboulent les règles. Un groupe d’élèves a œuvré pour aider les filles à mieux vivre les règles en faisant des affichages dans les toilettes tout en y proposant des serviettes hygiéniques à disposition. Ils ont également créé une mini-entreprise de fabrication de serviettes réutilisables et ont mené tout un projet de communication pour faire connaître leur initiative. 

 

D’autres productions se sont intéressées à la violence que peuvent engendrer toutes ces injonctions sur les filles. En 2018, des élèves lauréats ont conçu un journal entier  dédié aux discriminations sexistes reprenant le modèle du journal le Un et  intitulé Le 2. La Une met en lumière de manière frappante les conséquences des stéréotypes sexistes avec le dessin d'une femme baillonée et insultée. Dans la même lignée, une affiche de 2012 du collège La Pléiade de Sevran, intitulée, représente une jeune fille subissant des insultes. Ces violences se répercutent évidemment dans les relations intimes entre les filles et les garçons comme ont voulu le représenter des lycéens du lycée André Sabatier de Bobigny dans le film Une soirée tranquille. Dans cette fiction, ils ont mis en scène un couple dans lequel le garçon cherche à contrôler le corps de sa copine en dévalorisant la façon dont elle est habillée et en l'insultant, puis en lui interdisant de sortir.


                                                                     

Les violences sexistes peuvent mener à des violences conjugales voire à des féminicides. En 2021, des élèves du Collège Chantenay à Nantes se sont intéressés à un collectif  qui fait des collages féministes sur les murs de Nantes dans leur podcast Les colleuxses, Cette production entre en résonnance directe avec l’actualité et le développement du terme féminicide pour parler d’un meurtre d’une femme parce qu’elle est une femme.

DÉCONSTRUIRE LES STÉRÉOTYPES PAR LA PRATIQUE MÉDIATIQUE POUR DÉVELOPPER UNE CULTURE DE L'ÉGALITÉ FILLES-GARÇONS

Les productions reçues dans le cadre du concours #ZéroCliché forment un corpus très riche, qui rend compte de la diversité des problématiques rencontrées par les élèves et témoigne de la mobilisation des enseignants. 

L’éducation aux médias et à l’information se révèle ainsi une « réponse adaptée pour lutter efficacement contre les discours discriminants”, qui permet «une prise de distance critique vis-à-vis des messages médiatique » en proposant aux élèves de « créer eux-mêmes des médias et des contenus où des opinions divergentes peuvent s’exprimer?»3 analyse Laurence Corroy, maîtresse de conférences en sciences de l’information et de la communication.

De son côté, Elisabeth Carrara, inspectrice générale (Plan National de Formation 2021), souligne que l’éducation aux médias et à l’information est une approche innovante qui permet de dépasser le constat de l’existence des stéréotypes pour agir concrètement. Au-delà de la valorisation de l’expression des élèves, les projets interdisciplinaires en EMI sont créateurs de liens et d’une dynamique positive dans l’établissement. 

Sur la question de l’égalité, le CLEMI s’engage toute l’année à travers une offre de formations et la production de ressources pédagogiques. Le CLEMI est notamment fier d’avoir participé à la conception du dossier pédagogique de la série d’animation Chouette Pas Chouette. Fille ou garçon, c'est plus chouette quand on se respecte, à l’initiative de la fondation Make.org et produite par 2 Minutes en coproduction avec Gaumont. Pensée pour questionner avec humour et intelligence l’influence des stéréotypes dans la vie des enfants, la série a été diffusée sur l’ensemble des chaînes jeunesse et est disponible sur le site du CLEMI.

 

Virginie Sassoon, directrice adjointe

Flora Rodriguez, cheffe de projet #ZéroCliché

1. Hachtag par France Culture "Les techniques publicitaires sont beaucoup plus agressives et intrusives qu'auparavant" le 02/02/2018 En Ligne : www.franceculture.fr/emissions/hashtag/les-techniques-publicitaires-sont-beaucoup-plus-agressives-et-intrusives-quauparavant

2. Edith Maruéjouls dans « Dans les cours de récréation, les filles sont invisibilisées », Le Monde par Cécile Bouanchaud, le 17/09/2018. En ligne : www.lemonde.fr/societe/article/2018/09/16/dans-les-cours-de-recreation-les-filles-sont-invisibilisees_5355861_3224.html

3. Laurence Corroy, Sophie Jehel. Stéréotypes, discriminations et éducations aux médias. L’Harmattan. P. 15