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AMEER AL HALBI, VIE ET CHAOS À ALEP, SYRIE, SEPTEMBRE 2016


LE PHOTOGRAPHE

Né le 1er janvier 1996 en Syrie, Ameer Al Halbi (pseudonyme choisi au départ pour des raisons de sécurité, de son vrai nom Walid Mashhadi) commence à prendre des photos du conflit en Syrie dès 2013. Laissant de côté des études de psychologie, il travaille pour Aleppo Media Center, regroupement de militants qui diffuse des informations sur la région et forme des journalistes citoyens. Il s'engage alors pour témoigner de l'horreur de la guerre et de la souffrance de ses concitoyens. D'abord journaliste indépendant, ses photos sont rapidement diffusées par l'AFP. Il a aussi travaillé pour l'agence palestinienne APA et NUR en Italie. En 2016, il quitte la Syrie avec sa mère, alors que son père et son cousin, qui ont travaillé avec la défense civile, n'ont pas survécu. Il a lui-même été blessé de deux balles en 2012. Il reçoit en 2016, associé à tous les photographes syriens indépendants, le prix Polka de « photographes de l'année » et le second prix World Press pour la catégorie Spot News. Puis il a obtenu fin 2017 une bourse pour suivre une formation de photographe professionnel pendant 2 ans à Paris.

Pour compléter :

LA PHOTOGRAPHIE

Légende AFP
13 heures, le 11 septembre 2016. Le quartier rebelle de Salihin, dans le nord d'Alep, en Syrie, vient d'être pilonné par l'armée de Bachar el-Assad. Le cessez-le-feu russo-américain devait débuter le lendemain. © Ameer Al Halbi / AFP.

CONTEXTE

Alep, au nord-ouest de la Syrie, est la 2e ville du pays avec plus de 2 millions d’habitants. C’était la capitale industrielle et commerciale avant la guerre, mais son potentiel a été considérablement affaibli par les combats et bombardements de 2012 à 2016. La ville se trouve alors divisée entre les quartiers ouest, tenus par le régime, et les quartiers est, contrôlés par l'opposition. Des dizaines des factions armées combattent dans les deux camps. En 2016, la bataille approche de sa fin : à l'est d'Alep, les forces pro-gouvernementales ont encerclé les combattants rebelles. La population ne peut pas fuir, un cessez-le feu russo-américain échoue le 19 septembre et, le 13 décembre 2016, la capitulation met fin aux combats dans la ville.
Voir les cartes de Cécile Marin et l’article de Bachir al-Khoury, « Qui sont les rebelles syriens ? » :
« La bataille d’Alep et ses acteurs ». Le Monde diplomatique, décembre 2016.
Article sur le site de France 24 :
« Syrie : le régime crie victoire, vives inquiétudes pour les civils à l'Est », 13 Décembre 2016.
Sur la guerre en Syrie :
« Du soulèvement populaire au conflit international, sept ans de guerre en Syrie (mars 2011-février 2018) », Le Monde.

USAGES MÉDIATIQUES DE CETTE PHOTO

Une investigation sur TinEye, moteur de recherche inversée d’images, montre qu’elle est publiée le 11 septembre 2016 aux États-Unis dans le cadre d'articles sur la nécessité d'un cessez-le feu. Elle apparaît ensuite le même jour dans la NZZ (Suisse) :
https://www.nzz.ch/international/nahost-und-afrika/syrien-ld.116148
Sur le site de la BBC, elle est publiée le lendemain 12 septembre :
http://www.bbc.com/news/world-middle-east-37340468
Ainsi que dans Libération le même jour.
Dans l'Express, elle est publiée coupée. Même recadrage dans Der Spiegel le 21 septembre : http://www.spiegel.de/politik/ausland/syrien-staffan-de-mistura-ist-uno-vermittler-ohne-mittel-a-1113291.html
Elle apparaît 10 fois le 16 septembre et semble faire le tour du monde la semaine suivante (Hongkong, Australie, Chili...)
De nouveau la photo est publiée lors du prix World Press en 2017 (2e prix Spot news).
En 2018, elle apparaît dans le contexte de l'exposition multimédia de l'AFP sur la Syrie et obtient le prix des jeunes de 15 ans en 2017 dans le cadre du prix Bayeux – Calvados des correspondants de guerre. http://www.prixbayeux.org/regarddesjeunesde15ans/
Pour le détournement de cette photographie et sa réutilisation, voir ce post sur Twitter qui propose un montage avec les présidents Assad (Syrie), Rohani (Iran), Maliki (Iraq) et Hassan Nasrallah (Hezbollah) : https://pbs.twimg.com/media/DB9LdCbXYAAT9qV.jpg .

PROPOSITION D’ACTIVITÉS

Activité 1

  • Demander aux élèves leurs premières impressions. Puis procéder à une étude plus précise et plus méthodique de cette photo. (supports : fiches CLEMI Analyser une photo de presse et Grille d’analyse de l’image photographique)
  • Possibilité de prolonger le travail par des questions plus spécifiques :
  • Comment cette photographie montre-t-elle la guerre en Syrie ?
  • En quoi le regard d’un photographe natif d’un lieu de conflit peut-il être différent d’un envoyé spécial ou d’un photographe « embedded » (photojournaliste intégré ou « embarqué » avec une unité militaire) ?

Remarque : cette activité peut être menée conjointement avec deux autres documents de la série « Trois Regards pour voir » : Pokémon Go à Damas de Sameer Al-Doumy et La Femme au chat : portrait d’une femme irakienne d’Odd Andersen.

Activité 2

La relation image et texte
Faire une recherche inversée d'images sur cette photo en utilisant TinEye et/ou Google Images : comparer les légendes ou les commentaires la concernant.
Relever ce qui relève de l'informatif, du descriptif, de l'interprétatif (Fiche "Photographie de presse et légende").
Exemples
Légende AFP
13 heures, le 11 septembre 2016. Le quartier rebelle de Salihin, dans le nord d'Alep, en Syrie, vient d'être pilonné par l'armée de Bachar El-Assad. Le cessez-le-feu russo-américain devait débuter le lendemain. © Ameer Al Halbi / AFP.
Légende Prix de Bayeux
http://www.prixbayeux.org/regarddesjeunesde15ans/ Photo lauréate en 2017 – © AFP / Ameer AlHALBI : 9 juin 2016 – Alep, Syrie – Des casques blancs et des habitants évacuent des résidents dont l’immeuble a été touché par une attaque aux barils d’explosifs des forces du régime sur le quartier al-Fardous tenu par les rebelles (il semble qu’il y ait eu confusion avec la légende de la photo de Karam Al-Masri/AFP prise à Alep le 9 juin... 2015)
Légende Francetvinfo : Pères syriens transportant leurs enfants dans les ruines d'Alep© Ameer Alhalbi/ AFP
https://culturebox.francetvinfo.fr/arts/photo/prix-bayeux-des-correspondants-de-guerre-syrie-et-irak-dans-l-objectif-263321

Activité 3 : pistes d'exploitation de la vidéo

  • Analyse détaillée de la vidéo à partir du conducteur.
  • L'apport informatif : les incrustations et les paroles lues du photographe permettent de répondre aux 5W concernant la photo principale et apportent des éléments biographiques sur l'auteur (qu'on peut compléter avec la biographie ci-dessus).
  • L'étude de la série de photos constitue la narration : la frayeur d'avoir échappé à la mort, la douleur de ceux qui ont subi une perte, les premiers secours pour dégager les survivants des ruines, le spectacle des ruines avec un homme seul isolé. On peut montrer cette suite d'images sans le son pour souligner l'effet narratif de cette séquence.
  • La fonction professionnelle de l'éditeur : son interprétation de la scène, et de sa composition.
  • La parole du sémiologue : donner des exemples d'images du patrimoine pour la Vierge à l'enfant, attention cependant à ce type d'interprétation, pour rappel le débat autour de la « Madone de Bentahla ».
  • Le rôle du son : une écoute de la bande son seule permet d'attirer l'attention sur ses fonctions : illustration, ambiance (bombardement, échos) accompagnement d'un effet image (glissement, obturateur), musique du générique, rythme de la vidéo...
  • L'habillage de la vidéo : l'appareil photo comme métaphore, les lignes de cadrage, les effets de transition.

Pour aller plus loin

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