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On en parle beaucoup dans le débat autour des fake news* (fausses informations), mais au fait, c’est quoi une information ? Lorsqu’on évoque les faits d’actualité, on utilise en général trois critères pour les définir : il faut d’abord que ce soit un fait nouveau, qu’il ait un intérêt pour le public et, surtout, il doit être vérifié. C’est ce dernier point qui distingue l’information de la rumeur ou de l’intox, par exemple. Mais à l’heure où les jeunes consomment de plus en plus d’information via les réseaux sociaux, où tout figure sur le même niveau, info comme intox, comment vérifier l’information ?

Par Vincent Coquaz, journaliste, Libération

Sur les réseaux sociaux comme Facebook ou YouTube, tout est mis sur le même plan : l’information vérifiée et la rumeur occupent la même place et prennent la même forme. Pour s’assurer de la fiabilité d’une info, il faut donc, dans un premier temps, remonter à la source : il s’agit de la personne, du site ou du document dont elle provient, par exemple. Un réseau social comme Snapchat ou Facebook n’est en effet pas la source d’une information, ce n’est que le médium par lequel on y accède.

Cela peut se montrer utile, notamment, dans le cas où l’information provient de sites qui diffusent régulièrement de fausses informations. Un exemple sur lequel il est facile « d’enquêter » avec ses enfants : un site satirique comme Le Gorafi, qui ne diffuse que des fausses informations dans une visée humoristique. On peut ainsi choisir un article et amener les enfants (et vous-mêmes) à explorer le site pour trouver la rubrique « À propos », où il est indiqué en toutes lettres que « tous les articles relatés sont faux (jusqu’à preuve du contraire) et rédigés dans un but humoristique ». Une activité qu’on retrouve plus en détail sur le site du CLEMI grâce à un « Declic’Critique » en vidéo.

Une autre façon ludique de remonter à la source d’une info est de travailler sur l’image, en utilisant, par exemple, le guide de France 24 « Comment vérifier les images des réseaux sociaux ? », la recherche inversée d’image pour retrouver la trace d’une photographie sans légende ou encore s’amuser à zoomer dans une image qui aurait été soit disant prise en France, alors que des éléments montrent qu’elle n’a pu être prise qu’à l’étranger. Une fois la source identifiée, on peut ensuite se poser quelques questions simples qui permettent de juger de la fiabilité de l’information : qui me parle de quoi et avec quelle légitimité ? Le « qui » renvoie à l’identité de la source : s’agit-il d’une entreprise, d’une association ? Décline-t-elle son identité ou est-elle anonyme ? Le « quoi » est une question à poser concernant l’information en elle-même : comment l’information est-elle présentée ? Tous les éléments sont-ils donnés ou un point de vue partial est-il adopté ? Il faut enfin s’interroger sur la légitimité d’une source donnée : s’agit-il d’une source experte (chercheur, par exemple), de journalistes professionnels qui travaillent dans un média reconnu ou de quelqu’un qui ne fait qu’émettre des hypothèses ? L’ensemble des réponses à cette question, qu’on peut s’amuser à reporter dans une grille de vérification de l’info, permettent d’y voir un peu plus clair quant à la fiabilité d’une source.

Dernière étape, et pas des moindres : trouver d’autres sources. Pour éviter de tomber dans le panneau d’une seule et unique source d’information, qui peut manipuler l’information ou se tromper (cela arrive à tout le monde), la meilleure solution reste de « croiser ses sources », en effectuant des recherches sur un moteur de recherche. Attention, une même source peut se cacher derrière des contenus très différents et donnera l’impression d’une information vérifiée, alors que ce n’est pas vraiment le cas. D’où l’importance de bien remonter à la source de l’information en premier lieu. La rumeur sur le riz en plastique, qui part d’une erreur journalistique reprise un peu partout, en est un exemple frappant. Enfin, si les informations diffusées par les médias traditionnels sont, en principe, vérifiées, cela ne les empêche pas de commettre aussi des erreurs journalistiques. On peut donc également pratiquer le fact checking et entraîner son esprit critique en regardant la télévision ou en lisant le journal !