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Analyser la photo de la SPME qui figure sur les affiches reçues par les établissements constitue une entrée simple et efficace dans ce temps particulier de l’année : c’est le moment de poser les bases de la lecture d’image de presse et d’aborder un événement majeur de l’actualité récente, une excellente entrée en matière pour l’Éducation aux médias et à l’information.

La légende proposée par l’AFP : une réplique de la Statue de la Liberté près d’un complexe hôtelier dans la ville balnéaire de Shëngjin, en Albanie, le 11 septembre 2021, où des hommes et des femmes qui ont quitté l’Afghanistan ont trouvé refuge. L’Albanie a proposé d’accueillir temporairement des milliers de réfugiés afghans évacués par l’armée américaine de Kaboul jusqu’au traitement de leurs demandes d’asile. L’Albanie, qui est l’un des pays les plus pauvres d’Europe, s’est engagée à recevoir provisoirement jusqu’à 4 000 Afghans qui ont fui leur pays après l’arrivée au pouvoir des talibans. © Gent Shkullaku / AFP

Observer

On commence par montrer la photo sans légende et sans contexte afin de mettre en place une lecture attentive de l’image, sans interprétation d’abord, et de ménager un effet de surprise quand l’enseignant révèlera la légende.

Débute alors un questionnement traditionnel d’analyse de l’image fixe : que voit-on ? Les élèves décrivent la photographie avec le vocabulaire adéquat : le cadrage, les plans, les lignes directrices et les couleurs. Dans ce plan large, la Statue de la Liberté, au premier plan, trace une ligne de force verticale qui impose le monument au regard. La ligne horizontale formée par le toit de l’immeuble, à l’arrière-plan, dégage une bande de ciel sur laquelle se détache le flambeau. Enfin, on note les contrastes entre les couleurs : le vert de la statue, le rouge de la flamme, l’ocre et le marron du bâtiment.

Où cette photo a-t-elle été prise ? Si certains élèves proposent les États-Unis, d’autres peuvent remarquer que cette photo ne correspond pas à ce qu’ils connaissent du monument : pas d’océan ni de skyline de New York ici.

Expliquer

On dévoile alors la légende et on cherche les 5W : qui ? Des Afghans. Où ? En Albanie, dans un complexe hôtelier de la ville balnéaire Shëngjin. Quand ? Le 11 septembre 2021. Quoi ? Des Afghans sont accueillis temporairement et attendent le traitement de leur demande d’asile. Pourquoi ? Ils ont fui après l’arrivée au pouvoir des talibans.

Après avoir rappelé la nécessité de la légende pour comprendre une photo de presse, on rappelle les faits que l’on approfondira selon le public : que s’est-il passé en Afghanistan en 2021 ? Qui sont les talibans ? Pourquoi certains Afghans fuient-ils leur pays ? Qu’est-ce qu’une demande d’asile ? Sur une carte du monde, situer l’Afghanistan, l’Albanie et enfin les États-Unis.

L’enseignant peut s’appuyer sur des sons ou des vidéos qu’il accompagnera éventuellement d’un texte à trous pour poser clairement le contexte. Au cycle 3, on peut faire écouter l’émission de France Info Junior du 31/8/2021. Au cycle 4, on peut montrer la vidéo « Qui sont les talibans ? » du 30/9/2021 de Décod’Actu.

Interpréter

On passe ensuite à l’interprétation des élèves : pourquoi, selon eux, le photographe a-t-il choisi de traiter ce sujet de cette façon ? Comment nous, spectateurs, recevons-nous cette photo ? Cette copie en plâtre de la Statue de la Liberté, insolite dans cet hôtel albanais cinq étoiles, acquiert une portée doublement symbolique ici : elle est d’une part le symbole des États-Unis que les Afghans espèrent rejoindre et d’autre part le symbole d’une valeur chère à ces réfugiés, puisqu’ils ont fui leur pays pour la conserver.

Pour aller plus loin, on peut aussi montrer aux élèves d’autres photos prises le même jour par le même photographe. D’autres photos issues du même reportage sont visibles sur le site de l’AFP afpforum.com avec les mots-clé ALBANIA - AFGHANISTAN - CONFLICT - REFUGEE. Le reportage de l’AFP associé à la série de photos prises à Shengjin, publié sur le site de L’Express le 24/9/2021 : « En Albanie, entre soleil et palmiers, l’exil improbable des Afghans ». On observe la variété des approches (portraits, vues d’ensemble…) et on s’interroge sur l’angle. Les photos montrant un cadre de vacances contrastent avec la détresse et l’inquiétude de certains visages.

Enfin, on conclut en demandant aux élèves d’établir un lien avec le thème de la SPME : cette photo n’est pas compréhensible sans une légende complète. C’est bien l’enjeu de cette séance : faire comprendre aux élèves la nécessité de s’informer pour appréhender le monde qui les entoure.

Maud Moussy,
professeure de lettres et formatrice CLEMI

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