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Analyser une photo de presse constitue une entrée simple et efficace pour aborder l’Éducation aux médias et à l’information : il s’agit de poser les bases de la lecture d’image de presse et d’aborder un événement majeur de l’actualité récente.

Contextualiser

Après avoir repéré le crédit photo (photo de Sergei Chuzavkov, AFP), on étudie la légende. Les élèves reformulent les informations : où cette photo a-t-elle été prise ? À Irpin, en Ukraine. Quand ? Le 16 juin 2022. Quoi ? Des bombardements ont détruit des immeubles. Pourquoi ? Même si les élèves ont connaissance de la guerre en Ukraine, l’enseignant explique précisément les circonstances de déclenchement du conflit : il peut utiliser, pour le cycle 3, Salut l’info du 25/02/2022 (de 0’55 à 3’09) ; avec des plus grands, il peut s’appuyer sur la vidéo de la série Géopoliticus du 09/03/2022. On clôt cette recherche des 5W en interrogeant les élèves sur le « qui ? » : une jeune fille utilisant son téléphone. Les élèves émettent des hypothèses : est-ce une adolescente qui habite dans ces immeubles ? Une habitante d’Irpin qui a l’habitude de s’asseoir sur ce banc ?

Une jeune fille regarde son smartphone, assise sur un banc devant des immeubles résidentiels partiellement détruits à la suite du bombardement de la ville d’Irpin, près de la capitale ukrainienne, Kyiv, le 16 juin 2022, alors que la guerre russo-ukrainienne entre dans son 113e jour. © Sergei Chuzavkov / AFP

Analyser

On décrit ensuite l’image avec le vocabulaire adéquat. Sur une photocopie, on fait tracer les lignes de construction de la photo. Les lignes verticales et obliques répondent aux lignes du bâtiment, des fils électriques et des jeux d’enfants ; les diagonales placent la jeune fille dans un triangle préservé de la guerre ; les lignes de fuite font converger le regard sur cette seule figure humaine. On poursuit avec une étude des plans (une scène banale au premier plan / des immeubles calcinés à l’arrière-plan) et des couleurs (le jardin verdoyant mais laissé à l’abandon / les immeubles noirs). La photo met ainsi en exergue le contraste entre la paix et la guerre, la vie quotidienne et le caractère hors norme du conflit. Enfin on mène un travail sur le cadrage : on fait découper aux élèves plusieurs caches qu’ils placent sur la photo et qui changent son sens. On peut ainsi obtenir une photo anodine, centrée sur la jeune fille, ou une photo d’immeubles brûlés. L’objectif est de montrer que le cadrage peut donner lieu à différentes interprétations. La force de cette photo est bien dans le plan général choisi par le photographe.

Comment les élèves perçoivent-ils cette photo ? Ils peuvent souligner qu’au 113e jour de guerre cette photo montre que la vie continue malgré les bombardements. Une recherche inversée de l’image (l’enseignant peut en faire la démonstration au vidéoprojecteur) confirme cette interprétation : cette photo a été utilisée le 24/09/2022 dans un article de 20 Minutes titré « Guerre en Ukraine en images : Après six mois de conflits, la vie quotidienne des Ukrainiens » avec le chapeau « Contraste. Malgré le contexte de guerre anxiogène, les civils tentent de garder un semblant de vie normale ». On demandera aussi aux élèves de faire des hypothèses sur les différents éléments de la photo : les jeux d’enfants, la verdure et le ciel printanier peuvent être interprétés comme figurant la vie par rapport aux immeubles calcinés symbolisant la mort. Toutes les interprétations sont recevables si elles sont justifiées par des éléments d’analyse précis.

Produire

On peut demander aux élèves de prendre des photos et de les recadrer afin d’obtenir des messages différents.
On peut aussi proposer aux élèves une des consignes d’écriture suivantes :

  1. Cette jeune fille envoie un message à un(e) ami(e) qui vit en France. Elle décrit le lieu où elle est, exprime ses sentiments et ses espoirs. Écrivez ce message.
  2. Cette jeune fille fait une publication sur Twitter. En 280 caractères (ou plus si elle publie un thread), elle informe sur ce qu’elle vit et exprime son point de vue sur la situation.

Si le premier exercice est centré sur une communication entre pairs et sur l’expression personnelle, le second permet de travailler l’écriture visant une large audience et peut être plus argumentatif. Il s’agit ainsi de favoriser l’expression des élèves et de leur permettre d’appréhender ce contexte particulier dans lequel l’info est sur tous les fronts.

Maud Moussy, professeure de lettres et formatrice CLEMI

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